CRD et Encombrants : quels enjeux pour les prochaines années à Montréal-Nord ?

CRD et Encombrants : quels enjeux pour les prochaines années à Montréal-Nord ?

par Nataël Bureau

Que ce soit au début du printemps, près de la période de déménagement ou tout juste après les fêtes, les encombrants et leurs cousins proches, les résidus de construction, démolition et rénovation apparaissent en plus grand nombre au coin de nos rues. S’il est possible de les récupérer (Oui, Oui !), souvent ils se retrouvent avec les ordures. Nous nous penchons ici sur l’enjeu de la revalorisation de ces matières.
Qu’est-ce qu’un encombrant ou des résidus de construction, de rénovation et de démolition (CRD) ?

Il y a deux familles d’encombrants, soit les électroménagers et le mobilier. Tous les électroménagers, ne comportant pas de gaz réfrigérants, peuvent être déposés en bordure de rue le vendredi de chaque mois.  Pour se débarrasser de manière écoresponsable de nos frigos, climatiseurs et compagnie, il est fortement recommandé d’aller porter ces appareils à l’écocentre le plus près. La quantité de gaz que peut dégager un seul frigo aux ordures peut aller jusqu’à 3,7 tonnes métriques en équivalent de CO₂ – un voyage de 17 000 kilomètres en voiture. Il est donc impératif de bien s’en départir.

La gamme de mobilier acceptée est aussi large que sont les goûts en design durant les dernières décennies ! Que ce soit en bois ou en métal, en verre ou en plastique, le mobilier peut être déposé en bordure de rue pour la collecte sélective du vendredi… à condition qu’il ne soit pas rembourré. En effet, les meubles rembourrés sont généralement interdits au niveau de toute la Ville de Montréal, en raison des risques de propagation des parasites, notamment les punaises de lit. C’est aux ordures que l’on doit disposer des meubles rembourrés plutôt.  Même si ce n’est qu’un coussin sur le dossier d’une chaise, ce meuble ne devrait pas se retrouver dans la collecte malheureusement : la santé publique d’abord ! Pour savoir comment disposer de meubles possiblement contaminés, vous pouvez consulter la rubrique sur le sujet en cliquant ici.

Les résidus de construction, de rénovation et de démolition, aussi appelés plus succinctement les CRD, sont pour en majorité les débris provenant des activités liées aux bâtiments et à la voirie. Ici, nous n’avons qu’une grande famille de CRD qui comprend le bois, les morceaux d’asphalte, la roche, les dispositifs de salle de bain, des vitres (non brisées) et à peu près tout ce qui se retrouve dans les murs de votre maison et qui n’est pas une matière dangereuse. L’amiante, malheureusement, encore présent dans les plus vieux bâtiments ne doit pas être déposée dans la collecte sélective ni à un écocentre : il faut faire affaire avec des professionnels à ce moment-là !

La récupération des encombrants et des CRD permet de valoriser ces matières, de diminuer la pression sur nos sites d’enfouissement et de diminuer en partie la quantité des matières produites lorsqu’elles sont réutilisées. L’arrondissement de Montréal-Nord a fait le choix d’offrir hebdomadairement un service de collecte de ces matières : servons-nous-en !

Enjeux de récupération liés aux encombrants en 2019

            Comme nous l’avons mentionné plus haut, les périodes du ménage printanier, des déménagements et des fêtes voient augmenter le nombre d’encombrants déposé en bordure de rue. Une grande partie de ces encombrants sont toujours déposés lors de la journée des ordures, ce qui pose problème à deux niveaux.

Tout d’abord, ces matières ne sont plus collectées avec les ordures ce qui fait augmenter le nombre de résidus sur la voie publique. Cette problématique devient plus importante avec les périodes de déneigement où les trottoirs doivent être déblayés. Pour faciliter les déplacements des piétons et le travail des déblayeurs, il est nécessaire de les déposer au bon moment, c’est-à-dire entre 19h et 7h le vendredi.

Ensuite, les encombrants qui pourraient être pris par inadvertance dans la collecte des ordures ne pourront être revalorisés. De plus, il s’agit de coûts de gestion plus élevés pour les sites d’enfouissement qui rassemblent alors des matières occupant un plus grand volume. Rappelons-nous que l’un des sites les plus importants accueillant 39% des déchets montréalais fermera d’ici 10 ans au rythme actuel[1].

Montréal-Nord a encore du travail à faire pour augmenter la quantité (Kg/Habitant/Année) des encombrants récupérés et atteindre le reste des autres arrondissements de Montréal. En effet, les dernières données de 2018 montre que le taux de récupération pour Montréal-Nord se situe à 59%, en hausse de 4% par rapport à 2017, alors que la moyenne montréalaise se trouve à 70% (68% en 2017)[2]. Un rattrapage est en cours, mais nous devrons continuer à encourager la participation des citoyen.ne.s de Montréal-Nord.

Les matières récupérées, notamment les électroménagers et le mobilier composé de métal, ont de hauts taux de valorisation[3], ce qui rend leur récupération et leur détournement des sites d’enfouissement encore plus intéressants. Avant de terminer sur les encombrants, il faut rappeler qu’il est toujours possible de donner une deuxième vie à une bonne partie de nos meubles. De entreprises et des organismes œuvrent à la remise en condition et à la revente de produits seconde main : informez-vous !

Enjeux de valorisation des CRD en 2019

            Plusieurs municipalités compilent ensemble les chiffres liés aux encombrants et aux CRD. Or, les CRD ne sont pas recyclés, dans la majorité, de la même manière que les encombrants et comportent leurs propres enjeux de valorisation. Que ce soit des agrégats de bitume, du bois peint ou de la pierre concassée, les CRD occupent une part importante des résidus générés à Montréal.

            L’enjeu principal des CRD actuellement porte sur la réduction de ces résidus à la source et au recyclage sur place (par les contracteurs)[4]. En effet, plusieurs techniques plus écologiques issues de l’écogestion de chantier peuvent être utilisées par les contracteurs en construction : utilisation de matériaux plus écologiques ou réutilisés, par exemple. Une autre technique, la déconstruction sélective, permet aussi de retirer graduellement les matières d’un bâtiment et de les trier au fur et à mesure qu’elles sont retirées. Cette dernière technique permet d’augmenter le recyclage sur place et donc de diminuer la génération de résidus envoyés aux centres de tri de CRD.  

            Au niveau des matières recyclées ou revalorisées, le bois, le gypse et la fraction fine sont les enjeux qui occupent les entreprises du secteur et qui font l’objet des dernières innovations en la matière.

            Le tiers du bois vierge (arbres ou charpente) est encore envoyé à l’élimination : un tiers est recyclé dans de nouveaux produits et un tiers est envoyé à la valorisation énergétique. Le bois traité, quant à lui, est presque exclusivement envoyé à la valorisation énergétique (production de chaleur) ou à l’enfouissement. Au niveau du bois traité, une nouvelle technique de « détraitement » élaborée au Québec pourrait permettre de recycler ce bois comme le bois vierge[5]. La technique est encore expérimentale, mais c’est ce genre d’innovation qui nous amènera plus loin dans la gestion de nos résidus.

            Le gypse est une autre matière difficile à recycler ou à revaloriser en raison de son taux de contamination et de sa friabilité comme matière. Au Québec, 90% du gypse, une matière communément trouvée dans nos murs, se retrouvent dans les dépotoirs. Quelques débouchés intéressants commencent cependant à apparaître : réutilisation de la matière dans la production de ciment et recyclage dans de nos nouveaux panneaux. Le recyclage sur place est aussi une avenue, car c’est la désagrégation du panneau durant son transport vers le centre de tri qui l’amène à être rejeté vers l’enfouissement. Pour ce faire il faudra que le secteur de la construction revoie encore une fois ses pratiques sur le chantier et de trouver des manières de recycler ou de valoriser sur place la matière générée.

            Le dernier élément et le plus complexe est la fraction fine : mélange de matières de moins de 2 centimètres. Cette matière mélangée est souvent issue de l’accumulation de particules tombant des courroies dans les centres de tri de CRD. Cette matière mélangée représente le quart des matières sortants des centres de tri de CRD et ne peut plus être utilisée comme agent de recouvrement dans les sites d’enfouissement depuis quelques années en raison du dégagement des odeurs liées au gypse pourrissant. Cette situation a permis de stimuler la recherche de nouveaux débouchés : abrasif hivernal pour les routes, ajout en calcium pour le ciment, etc. Nous sommes encore au niveau des études, mais il s’agit de voies intéressantes pour les 480 000 tonnes produites annuellement de fraction fine.

Conclusion

            Clairement, nous devons collectivement développer des innovations et de nouvelles pratiques afin d’augmenter le recyclage et la valorisation des encombrants et des CRD récupérés. Comme citoyen.ne de Montréal-Nord, ce que nous pouvons faire immédiatement, est de participer aux collectes appropriées et d’en parler avec nos voisins et nos voisines. Ce que nous devons viser : une participation toujours plus nombreuse !

            Chez Éconord, nos patrouilleurs et nos patrouilles environnementales passent chaque été dans nos rues afin de sensibiliser les citoyens et les citoyennes de Montréal-Nord et de les inviter à participer à la collecte des encombrants et CRD. Ces efforts nous permettront de dégager les bordures de rue, de détourner de l’élimination des quantités toujours plus grandes de ces matières et de rattraper le reste de Montréal notre en termes de quantités récupérées.

Si vous les voyez patrouiller durant l’été, n’hésitez pas à leur poser des questions : ils et elles sont formé.e.s pour vous répondre. Sinon, tout au long de l’année vous pouvez nous rejoindre à l’un de nos deux locaux ou consulter le site web de l’arrondissement. Nous tiendrons aussi prochainement des ateliers sur différents thèmes, notamment le tri et les matières résiduelles. Gardez-vous au courant en vous inscrivant à notre infolettre et en consultant notre calendrier. Vous pouvez rejoindre l’auteur de l’article en composant le (514) 326-5447 en semaine pour toute question ou commentaire.


[1] La Presse, Montréal veut adopter des « cibles ambitieuses » pour réduire à zéro la quantité de déchets qu’elle enfouit d’ici 2030, En ligne ,<https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/201910/17/01-5245762-montreal-vise-le-zero-dechet-pour-2030.php>, 20 novembre 2019.

[2] Ville de Montréal, BILAN 2018 DES MATIÈRES RÉSIDUELLES DE L’AGGLOMÉRATION DE MONTRÉAL, En ligne, <http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/PAGE/ENVIRO_FR/MEDIA/DOCUMENTS/BILAN_2018_MATIERES_RESIDUELLES.PDF>. 20 novembre 2019.

[3] RECYC-QUÉBEC, Les encombrants – Fiches informatives, En ligne, <https://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/sites/default/files/documents/Fiche-info-encombrants.pdf>, 20 novembre 2019.

[4] RECYC-QUÉBEC, Résidus de construction, de rénovation et de démolition (CRD), En ligne <https://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/sites/default/files/documents/Fiche-info-crd.pdf>, 20 novembre 2019.

[5] Vecteur Environnement, Résidus de construction, de rénovation et de démolition – Comment les valoriser davantage ?, Septembre 2019, p.40-45.

Point de dépôt officiel d’ARPE Québec

Point de dépôt officiel d’ARPE Québec

Le local de la Coop de solidarité Éconord est un point de dépôt officiel pour le recyclage des appareils électroniques en fin de vie à Montréal-Nord. Dans le but de combattre l’obsolescence programmée et d’encourager le réemploi, le matériel électronique, informatique et de télécommunications (TIC) que vous rapportez au local sera recyclé pour en faire de nouveaux produits.

À la suite de l’entrée en vigueur en juin 2011 du règlement sur le réemploi et la valorisation de produits par les entreprises publié par le gouvernement du Québec, RECYC-QUÉBEC a conclu, en mai 2012, une entente avec l’ARPE mandatant cette dernière de mettre en œuvre et d’exploiter pour ses membres un programme responsable de réemploi et de recyclage des produits électroniques. C’est donc ainsi que l’ARPE-Québec a vu le jour.

Consulter ci-bas la liste des articles que nous acceptons et ceux que nous refusons

Lorsque vous venez porter vos vieux appareils électroniques en fin de vie à notre local, vous devez :

  • Les déposer dans les cages vertes à l’arrière du local. Un(e) employé(e) vous guidera.
  • Si vous êtes en voiture, vous pouvez vous stationner à l’arrière de notre local. Un(e) employé(e) vous ouvrira la porte arrière.
  • Si vos appareils électroniques sont lourds, n’hésitez pas à demander de l’aide! Nous disposons d’un chariot pour vous aider à transporter vos appareils.
  • Si vous venez porter des piles, assurez-vous de les disposer dans un sac.

Écocentres

En ce qui concerne les articles que nous ne prenons pas, nous vous encourageons fortement à aller les porter dans un écocentre afin de disposer de vos appareils de manière responsable et écologique. Consulter la carte ici-bas pour trouver l’écocentre le plus près de chez vous!

Cliquer sur l’image pour visionner le dépliant sur les écocentres

Des centres de récupération exclusifs aux citoyens de l’île de Montréal

Les écocentres sont des sites de réemploi et de récupération de matières résiduelles accessibles à tous les citoyens de l’agglomération montréalaise. On y reçoit, entre autres, des résidus de construction et de rénovation, des résidus domestiques dangereux et des articles pouvant être réutilisés. Les écocentres permettent ainsi de détourner de l’enfouissement une quantité importante de matières résiduelles.

Trier pour mieux recycler

Le tri préalable facilite le déroulement de la visite à l’écocentre et en écourte la durée. Les matières séparées peuvent être réacheminées plus facilement vers des recycleurs spécialisés. L’agglomération et ses résidents peuvent ainsi réduire de façon importante les coûts d’enfouissement.